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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 19:17

791738-120126-b-graeme-wood.jpgLe problème qui existait déjà dans les médias traditionnels était voué à s'étendre aux médias sur internet. L'influence que peuvent exercer ceux qui détienent l'argent, et donc le pouvoir, parasite de plus en plus le travail journalistique. Des actionnaires aux annonceurs, ils remettent en question l'indépendence des journaux même si ceux-ci sont supposés être "indépendents". D'une certaine façon, comment en vouloir à ces journaux, car après tout, il faut bien vivre. Et là est le problème: comment allier finances et indépendence? Le philanthrope Greame Wood relève le défit.

 

Entre 15 et 20 millions de dollards, pas moins que cela. Pour créer un nouveau web journal totalement indépendant, Wood n'a pas hésité à vider ses poches (façon de parlé, sa fortune et tout de même estimée à 337 millions de dollards par BRW magazine). L'idée est de créer un journal en ligne dont l'accès sera totalement gratuit et sans publicité.

 

monicaattard_wideweb__470x366-2.jpgCette utopie journalistique se prépare une équipe de renom, avec notamment Monica Attard, qui prendra la casquette de rédactrice en chef. L'accompagneront quelques collègues d'ABC: Mike Bowers, Sharona Coutts, Stephen Crittenden, Ellen Fanning, Jess Hill ou encore Michael Maher (en savoir plus sur l'équipe complète). Wood déclarait en décembre 2011 au Sydney Morning Herald qu'il n'était pas intervenu dans le recrutement des journalistes et qu'il resterai en dehors de tout choix éditorial, laissant cela à Attard. "I have employed a bunch of fearlessly independent journalists" affirmait celle-ci au même journal australien.

 

The Global Mail, car c'est son nom,prend modèle sur le site Propublica.org. Le site de journalisme d'investigation américain avait été fondé sur la base d'un don de 30 millions de dollards venant de deux autres philanthropes, les milliardaires Herb et Sandler. Les modestes 15/20 millions de dollards offerts par Greame Wood seront versés sur 5 ans. Pour la suite, des idées de recherches de donateurs ou de vente d'application pour smartphone ont été lancées mais la stratégie pour faire du Global Mail un web journal viable ressemble pour l'instant plus à un flou artistique qu'à un véritable business plan. Si propublica a pu bénéficier d'autres dont depuis sa création en 2007, la générosité envers le site vainqueur d'un Pullitzer n'est pas garantie indéfiniment et il en va de même pour le Global mail. L'évolution des deux médias nous dira si ce type de web journaux peut durer sur le long-terme et si leur modèle constituent une solution viable pour garantir l'indépendence de la presse.

 

The Global Mail

Independent Journalism for Independent Minds

Our Audience is Our Only Agenda

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22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 18:19

7871319026685

Une manifestante souffrante après un jet de gaz lacrymogène à Mamoudzou le 10/10/2011 (PHOTO: RICHARD BOUHET/AFP)



L'évènement de la fin octobre 2011 dans tous les médias français, c'était la naissance de la petite Giulia Sakozy pour qui, comme Mr Obama l'a si bien dit, nous souhaitons "qu'elle aura hérité de l'apparence de sa mère plutôt que de son père". Sinon, par delà une mer et un continent, mais toujours en France, des manifestations contre la vie chère rassemblaient à Mayotte plusieurs miliers de personnes dans les rues. Ça ne vous dit rien? C'est normal. Le 101 département français souffre d'un mal bien contemporain: celui du délaissement par les médias. L'édition web du magazine Actualutte et le bloggueur Paul Tian sur Le+ du NouvelObs.com s'amusaient à faire une petite comparaison. Quand Libération consacrait un quart de page à la nouvelle bouille du clan Sarkozy, on n'avait de l'actualité de Mayotte que quelques brèves et flashs furtifs. Lorsqu'un un jeune manifestatnt avait failli perdre un oeil suite à un tir de flash-ball dans la Seine-Saint-Denis, une véritable vague médiatique avait déferlé sur toute la France. Toutes les télés, radios, journaux et politiciens s'exprimaient sur le sujet. On pourrait difficilement leur reprocher. En revanche, quand un garçon de 9 ans a bel et bien perdu un oeil à cause d'un tir de flash-ball à Longoni, ville de Mayotte, le 7 octobre 2011, on a vu que peu de couverture médiatique. Tout du moins dans les médias classiques, car dans la sphère d'Internet, l'information s'est répandue telle une trainée de poudre. Les médias métropolitains n'envoyant que rarement des reporters à cet autre bout du monde qu'est l'île de Mayotte, c'est aux reporters locaux, web journaux et blogueurs que revient la tâche de partager l'actualité insulaire. Face à un hexagone désintéressé, le net serait-il le seul outil de diffusion de l'information mahoraise à l'international suffisamment dense?

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 23:29

De plus en plus populaire car plus facilement accessible dans toutes les régions que les journaux, la radio et la télévision, l'information par internet est train, depuis une dizaine d'années, de refaçonner le paysage médiatique de l'Inde et les pratiques de ses habitants.Cependant, avec un taux de pénétration de l'internet estimé à seulement 8,5% en décembre 2010, la révolution promise par les sites d'information en Inde est toute relative. L'accès des indiens à la toile repose pour beaucoup sur les cyber cafés. Nombre d'entre eux n'ont pas encore les moyens d'avoir leur propre ordinateur. Ce renouveau dans l'accès à l'information est donc intrinsèquement lié à l'extension du réseau ainsi qu'au développement économique du pays.

 

Face à ce besoin en constante augmentation, la dernière initiative de Google de créer un Wifi gratuit via les points d'accès d'un fournisseur local prend des allures de farce. Selon The Next Web, la beauté du geste du géant d'internet se limitera à Google+, son réseau social, et Youtube, à condition de ne pas dépasser les 10 minutes par semaine. Pour le reste, il faudra payer à la minute. Prévue pour une durée de 3 mois, la manoeuvre promotionelle à peine déguisée de Google ne viendra pas soutenir l'accès à l'information via les web journaux, tout juste par le seul réseau social comptant à ses yeux.

 

 

Statistiques d'utilisation d'internet en Inde

Source: www.internetworldstats.com

YEAR

Users

Population

% Pen.

Usage Source

1998

1,400,000

1,094,870,677

0.1 %

ITU

1999

2,800,000

1,094,870,677

0.3 %

ITU

2000

5,500,000

1,094,870,677

0.5 %

ITU

2001

7,000,000

1,094,870,677

0.7 %

ITU

2002

16,500,000

1,094,870,677

1.6 %

ITU

2003

22,500,000

1,094,870,677

2.1 %

ITU

2004

39,200,000

1,094,870,677

3.6 %

C.I. Almanac

2005

50,600,000

1,112,225,812

4.5 %

C.I. Almanac

2006

40,000,000

1,112,225,812

3.6 %

IAMAI

2007

42,000,000

1,129,667,528

3.7 %

IWS

2009

81,000,000

1,156,897,766

7.0 %

ITU

2010

100,000,000

1,173,108,018

8.5 %

IWS

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7 janvier 2012 6 07 /01 /janvier /2012 12:00

Passage d'un journalisme indépendant pimenté de scandales politiques à un produit politiquement aseptisé et édulcoré.

 

Les menaces, agressions, enlèvements et meurtres qui faisaient le lot des journalistes sri lankais obtiennent maintenant le soutient de la loi. Le ministère de l'Information et des Médias a déclaré, le 5 novembre 2011, que dorénavant, "tout site d'information portant sur le Sri Lanka (devait) être enregistré auprès du ministère". Dès le lendemain, les web journaux SriLankaMirror, SriLankaGuardian, Paparacigossip9, et LankaWayNews, se voyaient bloquer l'accès à leurs sites par leurs propres fournisseurs d'accès, sur ordre du ministère, pour diffamation.

 

Les tentatives de contrôle du gouvernement sur les médias prennent cette fois une nouvelle tournure. Ne se contentant plus de réprimer les journaux (et les journalistes) publiant des articles trop critiques sur le gouvernement, il passe maintenant à la sélection des médias autorisés à publier. Le Sri Lanka Mirror, qui parvient à survivre malgré le bloquage et reste accessible par des voies très détournées, publiait vendredi les premiers chiffres: sur 81 demandes d'enregistrement déjà déposées, 20 ont été refusées car, selon le ministère, les informations transmises étaient incorrectes. Les 61 demandes retenues étaient examinées fin décembre en vue d'une éventuelle validation. Le 9 janvier 2012, le Ministère de l'Information et des Médias garantira l'enregistrement de 41 sites web (que deviennent les 20 restants?) sélectionnés par leurs soins.

 

Ce début d'année se fait donc rude pour la liberté d'expression au Sri Lanka. Avec le report du procès pour le meurtre du journaliste Dharmaratnam Sivaram, fondateur du web journal TamilNet, les exemples du savoir-faire ancestral du gouvernement sri lankais en matière d'incitation à l'autocensure reviennent vite en mémoire. Le procès, qui était sensé débuter le 5 janvier 2012, a été reporté par le juge P. Surasena au 25 avril car 6 témoins (dont 2 policiers) n'ont pu se présenter à l'audience, pouvait-on lire sur les sites de BBC Sinhala.com ou du Sunday Times. Le journaliste avait été retrouvé mort 6 ans plus tôt, tué d'une balle dans la tête. Autre cas, plus retentissant dans la sphère journalistique, celui de Lasantha Wickrematunge. Assassiné le 8 janvier 2009, le fondateur de l'emblématique hebdo Sunday Leader, avait reçu à titre posthume le Prix Mondial de la Liberté de la Presse de l'UNESCO 2009. Réputé pour ses critiques acerbes du gouvernement de Rajapaksa (dont il était pourtant l'ami), il avait écrit son dernier article comme une lettre ouverte au président, pointant les violences faites aux journalistes dans sa patrie. Celui-ci fut publié 3 jours après sa mort.

 

La République démocratique socialiste du Sri Lanka est le pays démocratique le plus hostile à la presse. Reporters Sans Frontières qualifie même le secrétaire à la Défense sri lankais et frère du président, Gotabhaya Rajapaksa, de "prédateur de la liberté de la presse". Depuis la fin de la guerre en 2009, les violations du droit de la presse ne font que croître et contraignent de nombreux journalistes à s'exiler... dans le meilleur des cas.

 

Malgré les mesures prises par le gouvernement sri lankais, les web journaux restent le medium le plus accessible et le plus sûr pour traiter des sujets sensibles. Chandima Withanaarachchi, directeur de LankaNewsWeb déclarait en 2011 à Reporters Sans Frontières: « la seule lueur d’espoir pour la liberté de la presse au Sri Lanka passe par les sites Internet ». Le temps nous dira si cette lueur ne s'est pas éteinte.

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